Blog Les amis des oiseaux - Club Canaris de Tournai: Observations hivernales

Observations hivernales

Observations hivernales

Avec les chutes de neige et le gel persistant de nombreux animaux sauvages ont peiné pour trouver de la nourriture, le sol étant recouvert d’une épaisse couche de neige durcie.

Dans ces cas d’intempéries extrêmes je propose aux oiseaux affamés toute une gamme de nourriture allant des fonds de cages et volières, des graisses sous forme de saindoux fondu dans lequel des graines ont été ajoutées notamment les gaspillages issus des mangeoires.

Evidemment le tout fut vite repéré et dès lors les volatiles s’installèrent et moi aussi muni de jumelles, d’un carnet et d’un bic, j’observais attentivement le va et vient de toutes sortes d’espèces.

Parmi les premiers arrivés, les moineaux domestiques, une dizaine, un rouge-gorge, 2/3 moineaux friquets quelques pinsons du nord mais aussi et surtout une nuée de pinsons des arbres au moins 50 à 60 individus, au début presque toutes des femelles puis ensuite une troupe de mâles dont de magnifiques sujets. Aussi 3 alouettes des champs + une autre huppée probablement celle qu’on appelle cochevis (plutôt rare). Les merles atteignaient la vingtaine au moins.

Parfois choucas, pies, corneilles vinrent inspecter les lieux mais ne s’imposèrent pas car trop proches des habitations. 2 pics verts très bruyants s’alimentèrent parfois mais très méfiants. Quelques tourterelles turques, 2 couples sûrement quittèrent rarement les mangeoires ; de loin, je vis aussi un verdier semblant assez clair genre agate mais vu de trop loin difficile de se prononcer.

Puis un matin un de mes chats revint avec sa proie un oiseau mort déjà bien dégusté sauf la tête qui attira mon attention et effectivement le bandit s’était farci un bruant des roseaux.

J’observais dès lors plus précisément toute la troupe et comme je le pensais ; le malheureux bruant n’était pas seul car 3 de ses congénères s’empiffraient aux cotés des pinsons et autres gloutons.

Les chats du quartier étaient tous aux aguets et je m’efforçais d’enfermer les miens le plus souvent possible. Les voisins émerveillés par le spectacle enfermèrent eux aussi la plupart de leurs félidés.

Bien sur les rapaces nombreux dans la région avaient aussi repéré toutes ces proies éventuelles. Je vis ainsi 1 épervier femelle qui faucha une merlette mais la rata, s’essaya aussitôt sur un autre oiseau et réussi cette fois son coup. Plus tard, je découvris un amas de plumes de pinson. 2 faucons crécerelles s’amenèrent aussi mais furent chassés par les merles très téméraires. On ne les revit plus.

Vinrent alors 2 ou 3 buses variables et/ou pattues 2 espèces difficiles à discerner. Elles tentèrent bien quelques plongeons mais abandonnèrent vite les lieux car les choucas et les nombreuses corneilles du bois voisin les firent fuir en les poursuivant sans merci de sorte qu’elles se retirèrent à bonne distance tentant de revenir par la suite mais là encore les corvidés guettaient et bruyamment les attaquèrent avec acharnement. On ne les revit plus aussi près. C’était captivant d’observer cette solidarité au sein des corneilles pour chasser ces rapaces, chaque groupe poursuivant son rapace.

Un mini troglodyte s’amena « Winter Koning » en néerlandais soit en français « le roi de l’hiver », et après un petit tour des lieux sûr de lui, il vint à ma rencontre et sans gêne il se posa sur le bonnet de laine que je portais, quel culot et de plus poussa quelques cris et ne semblait aucunement désireux de s’en aller. J’ai ainsi fait quelques mètres avec le gaillard sur la tête. Un peu de pain attira quelques mouettes et 1 goéland argenté mais je les chassais car trop voraces et les autres oiseaux étaient apeurés par ces sans-gênes.

Soudain derrière un buisson avec les alouettes je surpris deux oiseaux spéciaux que je reconnus quand ils s’approchèrent, deux bruants de Laponie.

Avec mes jumelles je détaillais ces oiseaux et m’aperçu que l’un deux était muni d’une bague. Curieux je décidais de le capturer et installais un « tamis » muni d’un bâton relié a une corde un peu de graines en dessous et dix minutes plus tard mon gaillard bagué était entre mes mains.

Le contrôle de la bague me permis de lire 4 lettres qui semblaient être NORGE et des chiffres mais illisibles tant la bague semblait « usée ».

Norge étant le nom norvégien… de la Norvège probablement venaient-ils de ce pays du grand Nord proche de la Laponie.

En fait de bruant lapon il y a de nombreuses années j’en avais aussi capturé un lors d’un hiver rigoureux et que j’avais apporté lors d’une réunion du club chez Mimi.

J’avais à l’époque gardé plusieurs mois cet oiseau mais en volière il s’engraissa et mourut gros comme … un lapon.

Aussi celui-ci je l’ai relâché en lui collant une bague rouge en plastic sur la bague existante. L’oiseau était un mâle au plumage d’éclipse comme tous les bruants le sont en général en hiver.

Nullement désorienté il continua avec son compère à arpenter le lieu de nourrissage en compagnie des alouettes, il faut dire que ces espèces sont assez proches et dès lors elles cohabitent sans problèmes. Les bruants des roseaux eux restaient plus à l’écart en compagnie des moineaux et pinsons.

Bizarrement peu de mésanges bleues et/ou charbonnières.

En me promenant dans le bois voisin, j’aperçu un très grand nombre de pigeons ramiers probablement au moins 200 à 300 individus.

Plus loin le long de l’Escaut dans des aulnes, une troupe de tarins forte de 20 à 30 individus avec quelques sizerins que j’ai entendus mais pas vus.

Sur l’Escaut beaucoup d’oiseaux … d’eau. Poules d’eau, foulques macroules, colverts + autres espèces de canards, cygnes + ou – 20 individus sauvages et quelques domestiques, 40 à 50 grands cormorans perchés et/ou plongeants, des tadornes de Belon sûrement le couple nicheur du coin, une cinquantaine voire plus de Bernaches du Canada, souvent au milieu des oies, quelques bernaches nonnettes un peu plus isolées.

Une troupe de très très grands oiseaux quasi blancs volant très très haut et très vite m’a survolée. Aucune idée de l’espèce.

On m’a rapporté aussi que des linottes à bec jaune trainaient sur un terrain en friche mais je ne les ai pas vues.

Quelques hérons bien tristounets scrutant l’hypothétique poisson suicide.

De toutes ces observations, je retiendrais l’absence ou le peu de représentant des espèces suivantes habituellement en plus grand nombre.

Pas d’étourneau sansonnet ni de grive, peu de pisons du Nord, pas ou peu de verdier, peu de rouge-gorge, aucun accenteur mouchet.

Pour en terminer, si je vous ai relaté mes observations en milieu naturel c’est que pour changer de la routine, il est toujours enrichissant et agréable d’observer nos amis les oiseaux en liberté d’autant que lors des grands froids on surprend parfois des oiseaux rares inhabituels pour nos régions tels ici ces 2 bruants lapons.

La tentation est parfois grande d’en capturer l’un ou l’autre exemplaire mais gardons-nous en car je crois que chacun d’entre nous en a suffisamment dans ses cages et volières et donc cela est incontestablement plus valorisant de les observer aux mangeoires, c’est croyez-moi captivant et on en arrive même les reconnaitre chaque jour, l’un plus beau, ou plus grand, plus imposant au comportement plus franc ou plus timide etc. etc. …

Elevons, baguons, échangeons, donnons, vendons nos oiseaux d’élevage mais observons ceux de la nature et apportons-leur en hiver de quoi survivre et refaire le voyage du retour dans de bonnes conditions.

Bonne observation et aussi bon élevage

C T 206

Votre serviteur

C. Fermont